mardi 10 mars 2015

Impressions de Bali


Comme d'habitude j'aime bien écrire quelques souvenirs et impressions vécus lors de mes voyages. C'est aussi une façon de graver ces bons moments dans ma petite mémoire, si par hasard cela vous dit de les partager, ne vous en privez pas. Certes ne prenez pas ces notes comme un traité de géographie et pour en savoir plus il y a des livres et la possibilités de prendre comme moi un billet pour Bali.


Dans la "Danse du Barong", le Premier Ministre...
Toujours le Barong, le jeune Prince (rôle tenu par une belle balinaise...)
Le Barong
Où devaient ils nous emmener nos enfants, tant désirés, récupérés dans un hall d'aéroport, venant de si loin pour assouvir nos désirs. 
Il y a toujours eu dans leurs sourire une pointe d'exotisme et d'Asie. 
Je les avais parfois imaginés vivant au milieu de leur pays d'origine là où les regards  la culture et le climat sont bien différents. J'ai toujours eu, pour eux, l'ambition d'en faire des citoyens du monde, nous ne sommes  là que par accident et notre amour est toujours lié au désir de les voir  s'envoler et de nous aimer.
Ma jolie Marie trouva son premier job et son futur mari en Hollande, un globe trotteur  à qui nous devons d'avoir traversé le monde et deux beaux petits enfants nés a Hong Kong.
Là je les vois vivre comme des poissons dans l'eau.
Cette année nous découvrons  Bali ensemble.
Pierre hélas est resté dans l'hiver canadien pour des raisons professionnelles. Cela sera sans doute l'objet d'une petite visite et d'un autre compte rendu. 


Retrouvailles à Hong Kong airport

Nous nous sommes retrouvés à l'aéroport de Hong Kong. Un moment extraordinaire ou nous retrouvons nos petits enfants, Paul et Romane. 
Il y a là aussi les beaux parents de Marie que nous connaissons bien et avec qui il est agréable de partager ces moments privilégiés. 
Deux heures plus tard nous décollons pour Bali. 
Quatre heures de plus et  nous nous posons à Denpasar. 
Encore une petite heure d'embouteillage au travers des meutes de scooters. La rue se rétrécit,  au fond d'une petite impasse nous découvrons notre villa,  une maison et deux bungalows,   une belle  piscine, dans un écrin, pas beaucoup plus grand, de verdure, palmiers de toutes sortes, fleurs accrochées sur les murs que l'on devine à peine. Une ambiance tropicale que concrétisent les jolies moustiquaires bordant nos lits aux draps tendus et légers. Nous faisons connaissance avec notre personnel de maison, cuisinier, femme de ménage et le jardinier. Leur allure au travail est lente  souple et continue, facile et reposante à regarder. Marie et Benoit ont amené, leur nounou philippine. 

C'est le grand luxe,  pour nous "mid french class", notre statut est appréciable...





                                               


Le lendemain c'est une journée d'adaptation humide et chaude 28 degrés c'est la température moyenne du jour et de la nuit,  de la mer et de la piscine...28 millimètres à l'heure quand il pleut. 
Le whisky et les cigares attendent l'orage.   
Je rêve toujours de transpirer dans un transat avec la pluie chaude qui résonne sur les toits, les grosses gouttes qui s'enfoncent dans la piscine, la tasse où fondent d'éphémères glaçons, la bouteille de whisky a demi pleine d'espoir et le goût sucré  de mon dominicain.
En fait dès le deuxième jour nous avons été  servis. L'orage s'annonçait timidement précédé de quelques goutes d'eau ballottées par une brise renforcée  et puis soudainement les choses sérieuses se précisent à grand fracas et l'eau tombe à seaux, que dis je, à coup de lance d'incendie, un heure plus tard le calme revient et les derniers gouttes glissent le long des palmes des cocotiers. Le lendemain matin tout est avalé  par cette végétation luxuriante.



Notre temps se repartit en alternance de visites guidées et journées de farniente entre piscine et transat. Ma propension à la jouissance du rien faire, est donc entrecoupée par des trajets culturels dans ce petit morceau d'Indonésie bien particulier.
Pour nos déplacements, notre guide est charmant et cultivé, il parle aussi bien le français qu'il connaît la France sans y avoir jamais mis les pieds, ceci grâce à l'alliance  française et à sa curiosité.


Il nous explique l'hindouisme, la religion qui prévaut à Bali alors que l'Indonésie est un état islamiste modéré, le président étant une femme... Pour en revenir à l'hindouisme il est partout. Toutes les maisons ont leur temple,  de dimensions plus ou moins grandes,  200 m2 en moyenne, ce qui n'est pas rien vu la population. Les temples des villages sont beaucoup plus grands, ils sont tous construits suivant la même disposition et il reste, bien sûr, les grands temples historiques royaux ou présidentiels. Bref, Bali est recouvert de temples. Les plus beaux sont toujours situés dans des endroits magiques, ou sur des sites exceptionnels.





Le schéma  est le suivant :
- une première entrée par une cour au fond de laquelle se trouve l'entrée véritable du temple avec une porte centrale et deux portes plus petites de chaque côté
- ces portes donnent sur une douzaine de constructions, à la gloire des différentes divinités.
Il y a toujours une symétrie entre le bien et le mal, le jour et la nuit... un peu binaire en quelque sorte. Tous ces monuments sont en activité, les fleurs et les offrandes sont disposées régulièrement et il n'est rien de plus gracieux que les gestes de ces femmes s'accroupissant pour déposer leurs offrandes. Souvent quelques fruits disposés dans une feuille de bananier pliée à la convenance.
La religion est donc omniprésente et on constate que tout ce bon peuple s'en porte bien.





Bali vit dans la tradition et les cérémonies. Le fait d'espérer beaucoup des dieux et autres divinités donne la sérénité aux Balinais.
La colère et les injures n'existent pas et laissent place à un sourire quasi  permanent, la grimace étant réservée aux statues qui protègent l'entrée des temples.
Ces grimaces se veulent  effrayantes pour éloigner le mal.

Dieu ici n'est pas là pour recueillir la souffrance, il semble vraiment être la pour arranger les choses. Un peu compliqué quand même. Notre guide nous explique que cette complexité a favorisé la pénétration de l'islamisme dans le reste de l'Indonésie. 
La construction de ces temples est réalisée en pierre de lave noire et découpée au carré donc un peu sinistre et pas trop raffinées; Les statues sont stéréotypées et on retrouve toujours les mêmes personnages.

Une bonne partie de l'artisanat est occupé à la taille des monuments et à la fabrication des statues, taille et surtout moulage. Au fur et à mesure que la population croit le nombres de temples augmente...


Bali est une petite province de l'Indonésie avec 4.200 000 habitants. L'économie est entièrement basée sur la culture du riz, l'artisanat, le commerce et le tourisme.

Comment ne pas associer à ces images fortes, celles de ces défilés de scooters, de ces embouteillages ou les règles de circulation sont aléatoires. Je n'ai pourtant assisté à aucun accident, ni aucune agression verbale, tous se passe anarchiquement bien.


Une offrande de travers, là est certainement la cause de ce camion qui décharge en travers de la route. Rien ne sert de manifester quoi que ce soit. Et le trafic reprend gentiment, à sa façon.
Dès que l'on s'éloigne des villes la route redevient un peu plus calme et en prenant quelques risques il devient plus facile de doubler.  Dieu efface au gré du chauffeur la ligne blanche. Dieu donne la visibilité là ou elle n'est pas.  Le trafic s'effectue à des vitesses plus que raisonnables, laissant à Dieu le temps nous mettre à l'abri...

La campagne se partage entre la foret et les rizières. Celles ci, parfois en plaine mais souvent en terrasses sur les collines volcaniques, réjouissent mon œil d'agriculteur...
Tous les champs sont en ordre, a une autre échelle, il y a quelque chose de beauceron ou de golfique dans la propreté, la présentation des cultures et l'organisation de la nature. 
Pas de mauvaises herbes, une verdeur qui ne laisse pas de place au manque d'engrais. 
Au gré des vallées, les parcelles sont à des stades différents allant du repiquage à la récolte. 
Le riz est récolté battu et livré à la coopérative villageoise qui le conditionne pour la vente. 
Les rendements sont de l'ordre de 35 quintaux /ha à multiplier par deux ou par trois suivant le nombre de récoltes annuelles, 3 pour le riz blanc et deux seulement pour le rouge qui vaut évidemment plus cher.






La culture en terrasse et le système d'irrigation composent des paysages merveilleux. Pour moi beaucoup plus beaux que n'importe quel temple mais après tout l'un ne va pas sans l'autre.

J'ai vu aussi beaucoup d'enfants, de beaux enfants, sur les genoux de leur parents, serrés entre frères et sœurs sur le scooter familial,  je les ai vus dans leur écoles avec leurs petits uniformes et les nattes bien tressées des filles, je les ai vus pendant leurs cours de danse, garçons et filles espiègles et attentifs avec sur l'estrade de la maison communale un jeune garçon doué qui servait d'exemple. A l'impromptu c'était un spectacle magnifique.

Au cours de nos déplacements j'ai vu l'importance de l'artisanat, de ce qui s'étalera dans nos "conforama" et autre enseignes là ou les Bouddha souriront pour quelques Euros de plus.


Bali c'est aussi le balais fait de nervures de feuilles de palmier. Il est rigide, et se situe entre le balais et le râteau  il sert  à lisser les draps à regrouper les feuilles et surtout à balayer les offrandes qui jonchent les trottoirs , les entrées de magasins et des maisons. Sans religion et sans balais...l'économie de Bali n'existerait pas.

Bali c'est une ambiance et un climat nous avons aussi eu beaucoup de chance d'avoir un guide adorable qui nous a fait partager l'amour de son pays


Il y a aussi quelques défauts dans ce séjour, parmi lesquels celui de ne pas avoir jouer au golf mais à vrai dire le climat n'est pas très engageant et il y a d'autres pays pour cela.

La pollution reste un véritable problème. Même si les Balinais sont propres et bien équipés en balais l'évacuation des déchets directement dans la mer, sans réel traitement, laisse en cette saison, des plages très sales et la mer ne paraît accessible qu'au loin après avoir passé ce que vents et marées rejettent sur la côte.
Dans les rizières les paysans pratiquent quelques traitements contre les maladies, encore une fois je trouve les cultures très bien entretenues, mais les traitements se font à partir de pulvérisateurs à dos  et l'utilisateur a le nez à hauteur du produit qu'il vaporise...



Il n'y pas de transport en commun. L'île est envahie par les scooters qui sont véritablement très pratiques pour accéder partout.

Bien que le port du casques soit obligatoire pour les adultes il ne l'est pas pour les enfants transportés. Il n'est pas rare de se faire doubler, tous sourires au vent, par une famille au complet sur son scooter, soit le père, la mère, les deux enfants et les provisions pour la semaine. Toujours très peu d'accidents. Beaucoup de jeunes enfants circulent avant d'avoir leur permis.


A douze ans les enfants manœuvrent leur scooter comme des adultes,  sans casque bien sur! mais il faut bien aller à l'école.
Il existe comme partout des stations service pour faire le plein des véhicules mais il existe un deuxième marché très accessible. La moindre épicerie ou étal de fruits vend de l'essence. Le contenant privilégié est la bouteille de Vodka ABSOLUT vendue au prix du litre mais qui contient un peu moins,  cela dit il est impossible de tomber en panne d'essence,  dans le pire des cas, a plus de 200 mètres d'une " station service"



Le système social est inexistant, pas de sécurité sociale, pas d'école publique obligatoire, pas de droit au chômage et pas de chômeurs, pas de caisse de retraite et pas de retraités pas de transport en commun pas de resquille, sûrement un peu de misère mais ici c'est le sourire qui domine
Alors...
Bien sûr la corruption règne en maître, ou comme on veut, les maîtres sont corrompus. Mais cela n'arrive pas qu'à Bali.... Donc pas de leçon.  Je  laisse au Balinais et aux Balinaises  le soin de conserver leur gentillesse et leurs beaux sourires.

Peut être que ne retournerais pas à Bali, en tous les cas j'y penserai pendant longtemps.
Demain nous repartons a l'opposé de cette civilisation pour retrouver Hong Kong ...

Jacquot