samedi 10 octobre 2015

Mon voyage au Canada

La Cabane


D'abord, je ne voudrai pas que l'on croit que je m'extasie d'un rien...je ne doute pas d'avoir une certaine sensibilité vis à vis du beau et du bon mais puisque c'est le cas pardonnez moi d'avoir été  insolemment heureux pendant mon voyage et d'en savourer encore ce qu'il en reste. 
C'est la conjonction de différents éléments qui aboutit ainsi à grandir un événement, je vais essayer de vous le faire partager.
Contrairement à mes habitudes je n'ai rien relaté au jour le jour, c'est donc des souvenirs légèrement décantés dont  ne restent que les gros traits, c'est à dire, l'essentiel.

L'histoire commence il y a une bonne trentaine d'années. Nous avions à l'époque adopté deux enfants, deux bébés Coréens, jumeaux.  La joie qu'ils nous ont donné a toujours été mêlée, pour moi à leur appartenance au monde et réciproquement, le globe leur appartient, c'était mon sentiment,  Les voilà arrivés, Marie à Hong Kong et Pierre à Québec.
Cette fois c'est donc au Canada que nous nous rendons pour rendre visite à notre Pierre


À peu près à la même époque j'ai un jeune stagiaire de l'école d'agriculture d'Angers qui vient à Civry où l'on cultive encore du blé, du maïs et des fruits et légumes. Un garçon bien sympathique que nous apprécions et qui s'intéresse déjà un peu plus à la vente qu'à la culture elle même. Il découvre avec mon beau frère Patrick les plaisirs de la vente des pommes à Rungis. Originaire de la Marne ses parents ont déjà investi dans les environs de Montréal et c'est là qu'il rejoint ses oncles, producteurs de carottes... et puis 34 années sont passées.


Avant de partir pour le Québec, grâce à l'internet, Benedicte retrouve les coordonnées de Frédéric, contact et pris  et nous lui demandons de prendre en stages deux retraités. L'affaire très rapidement conclue. Nous serons attendus au moins par deux personnes Pierre et Frederic.

je pars avec mes idées de gamin. Bien que je sois déjà passé dans la plaine de sainte Hyacinthe en 1976, le souvenir est lointain et je n'avais pas goûté les grands espaces forestiers, là où la forêt fait un peu peur, où elle meurt au bord de l'eau, où elle vous cache du monde . Goûter à la vie dans une cabane paumée accessible seulement par de longues pistes ou par les airs. Il y aurait fait frais le matin et une fois les brumes dissipées le soleil dessinerait dès puzzles de lumières éclatés sous les grands sapins...

Nous arrivons à Montréal. Frédéric nous attend à l'aéroport. Il n'a pas trop changé sa voix sonne légèrement Québécois, il a pris un peu de ventre ce qui est nécessaire à la convivialité et quelques cheveux blancs contre lequel on ne peut rien, je l'embrasse c'est ma première émotion, il y a si longtemps. Nous réceptionnons notre voiture c'est un peu long mais je tiens à avoir le modèle Dodge que j'ai commandé pour transporter confortablement quatre personnes et leurs valises,  son moteur V6 de 300 chevaux sonne bien. 
Nous prenons nos chambres dans le bon hôtel que nous avons réservé, puis repartons dîner chez Frédéric, à Outremont, sur les hauteurs près du mont royal, Vers l'ouest, là où se situe partout autour du monde les beaux quartiers. Dîner au restaurant avec Fred et son fils Benjamin.

Le lendemain visite de l'entreprise de Fred.
"FRUIGOR", approvisionne en toutes saisons des fruit exotiques, les contrôle et les distribue vers les grandes chaînes et les marchants de fruit et légumes. Tout est impeccablement propre et organisé. Ludovic collaborateur de Fred nous fait visiter les frigos, triage, mûrisserie. La présentation qu'il en fait est précise  et son discours clair et passionné. Il a coordonné la rénovation de l'ensemble des installations. Un collaborateur très impliqué, révèle déjà les qualités de son patron et la suite des événements va le démontrer. Frederic peut être fier de ce qu'il a créé de toute pièce.


Évidement, simple entrée en matière, nous repartons équipés de veste chaude et casquette logotées " FRUIGOR", ça commence...


Retour au domicile de Fred ou nous faisons connaissance avec sa " Blonde " comme on dit là-bas . Fred n'a pas réussi  que dans le commerce des fruits et légumes, il a trouvé Dominique, une femme charmante, cultivée, sportive, naturelle... Qui va plaire à Bénédicte et à ma belle sœur Anne Françoise. Nous nous connaîtrons très vite comme si c'était depuis toujours.



J'ai aussi pris dans mes valises mon vieux copain Jean Pierre, avec qui j'avais fait mon premier séjour au Québec en 1976, un pèlerinage pour lui sur les terres de sainte Hyacinthe


 Et bien-sur ma belle sœur Anne Françoise à qui je dois les meilleures photos du séjour.







Départ pour la Tuque,en Mauricie, 3 heures de route en direction de Trois Rivières, sur la route du lac Saint Jean. La route est belle. Fred et Dominique nous précèdent  nous nous enfonçons dans le Canada, le devrais dire le Quebec... La route est plutôt droite, la circulation relativement faible et nous croisons nos premiers vrais poids lourds , de gros "Kenworth", et leur longue remorque. Les puissants moteurs rugissent dans les montées rectilignes, souvent  10%, mais leur bruit est superbe. Les camions sont magnifiques, coloris surprenants  violet, rouge vif, ou rose métallisé, les jantes sont chromées et astiquées.


La route monte tout droit au faîte des collines bordées de forêt de sapins puis redescend pour longer la rivière, le torrent ou le lac.

C'est d'ailleurs au bord du lac de "Beauce"  que Fred nous arrête, vu les trois hydravions qui stationnent là,  je réalise que mon rêve va se concrétiser.
Entre temps Ludovic, Dolorès et leurs enfants nous ont rejoint.
Fred a tout organisé,  il nous laisse là, il prend le volant de ma voiture et il nous attendra à sa cabane où nous allons passer trois nuits.


 Je profite du spectacle dès décollages et des amerrissages incessants des avions jusqu'à notre tour.

Bénédicte a préféré la voiture. Nous embarquons avec Anne Françoise, JP, Ludo et le pilote, un jeune garçon dont c'est la première saison de pilotage. Je suis à côté du gamin, on prend le vent et puis gaz à fond, il en faut du temps avant que les flotteurs s'arrachent à l'eau. La colline boisée se rapproche mais dès que l'avion a pris sa vitesse, nous laissons les sapins sous nos ailes, nous prenons 800 pieds, ce sera l'altitude moyenne de notre vol, correcte pour voir un Orignal qui sait ?  mais tout juste suffisante pour regagner un plan d'eau en cas de problème ...

                                         


Après une quarantaine de minutes nous sommes en vue de notre cabane, elle est située au bord du lac Wayagamack d'environ 500 ha, un premier passage pour repérer le vent, un second pour le spectacle, à raz des eaux, on remonte, retour face au vent et on se pose en douceur pour regagner le ponton de la cabane.
                               

J'attendais ce moment depuis longtemps sans trop y croire, et bien "Ça y est" !

Le reste de l'équipe, qui a rejoint les lieux par la piste nous attend. Quelques photos pour mettre en boîte mon émotion et ma joie. Plaisir partagé par tous les passagers. Je regarde avec nostalgie l'avion qui repart, son sillage puis le bruit du moteur qui s'enfonce vers l'autre rive et enfin un premier virage doux, la prise de vitesse et le survol de la forêt, il revient vers nous en trombe pour nous saluer, son ronronnement s'estompe dans les collines.


Je découvre la cabane, proche du ponton, elle est posée sur l'herbe fraîchement coupée, comme on le fait pour accueillir des invités. Elle est comme je l'imaginais avec ses billots empilés, sa terrasse  couverte, ses portes qui grincent et invitent à les pousser.



A l'intérieur , encore "copie collé" de mes rêves, un parquet peint en jaune, le pin naturel, quelques larges trophées d'Orignaux, les encadrement des fenêtres et des portes sont peints en rouge. Il y règne la sécurité et la douceur. Le confort relatif y est pourtant existant, de grosses bouteilles de gaz  fournissent la lumière, le poêle de la cuisine et la cheminée,  la chaleur. Les robinets n'amènent que l'eau fraîche de la source située à une centaine de mètres dans la colline, entre temps l'ours peut aussi y rassasier sa soif. Il y a des toilettes à l'intérieur, il est recommandé  de rejoindre un cabanon au dehors, aussi pratique et plus exotique. J'imagine ici les retours de chasse, les histoires de forêt et d'ours mélangés aux crépitements du feux de cheminée...



 La  cabane date des années 30, Fred l'a acheté avec les deux annexes il y a une vingtaine d'années. Dominique adore cet endroit magique, elle y passe plusieurs semaines à la belle saison. Une immersion dans le bonheur non sans risque, il n'est pas question d'y séjourner seul, la ville la plus proche, la Tuque est à 45 minutes. Un endroit pour rêver à condition de préparer le séjour dans les détails, chaque visite est une  expédition. Les cabanes nécessitent un entretien régulier, elles doivent être recalées car le terrain bouge, sans parler des peintures de l'isolation et des arbres à abattre. Tout un entretien qui a un coût.



      J'étais heureux et à la fois tellement touché de cet accueil fantastique. Frédéric de justifier à chaque fois, "34 ans". Comment avoir laisser passer tout ce temps. 34 années gommées, comme ci c'était hier. Comme les vies se séparent,  et  les bons souvenirs les rassemblent. Qu'importe, nous étions ensemble et heureux de l'être, de faire connaissances avec des nouveaux amis et si proches dans leur façon d'être. Le bonheur il vient du soleil et de ses reflets dans le lac mais, plus qu'un coup d'aile d'avion, il vient des hommes, il vient de l'amitié et le rêve côtoie un temps la réalité. On a bu des coups et c'était bon d' entendre ces verres  s'entrechoquer pour fêter les "34" !

                                                

En marchant au bord de l'eau on a retrouvé le bel endroit où Dom et Fred se sont mariés, un endroit magique, où, la forêt s'entrouvre  sur le lac, une petite ouverture où les gnomes  se réunissaient pour danser sur la mousse autour du vieux canoë.


 Alors on a célébré à nouveau  chacun nos mariages, c'était pour rire, mais pas tant que ça


Avec Ludo nous avons préparé le bateau et fait un tour avec JP . La surface était un peu agitée et le pauvre a pris quelques belles éclaboussures.  Je crois qu'à partir de là notre ami est tombé malade. Il  n'a pas fallu moins d'une semaine pour qu'il s'en remette, bien dommage. le rire c'était au départ.


L'intendance avait bien suivi, rien a manqué, et nous nous sommes régalés de la cuisine de Ludo.


 Le soleil était au rendez  et nous nous sommes baignés dans l'eau fraiche du lac.

Les  la lumière du soir sur le lac, le feu dans le cheminée, les brumes du matin sous le ciel bleu, le claquement d'un coup fusils, son écho au loin, le vol en hydravion, là sérénité de Frédéric et sa satisfaction. L'amitié naissante entre nos femmes, la gentillesse de Ludo et Dolorès.
 Ouf ! c'est beaucoup d'un seul coup,  tout cela résonne encore dans ma tête.

                                 



Prochaine étape de la Tuque à Quebec en passant par le lac Saint Jean

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