lundi 18 mars 2013

Marie et les autres

Marie, Benoît et Pierre
Hubert qui jusque là m'a bien rendu service, me donne maintenant des devoirs de vacances. Alors que celles ci se déroulent au mieux, j'ai deux jours pour rendre ma copie.

Parler de ses enfants c'est un peu se mettre nu comme un ver, car parler de ses enfants c'est aussi parler de soi et du plus profond de ses sentiments. 
Tremper dans l'autosatisfaction n'est pas ma tasse de thé, quant à complimenter ses enfants, je ne suis pas un spécialiste. Ce que je peux afficher c'est seulement de la chance car en fait c'était bien mal parti.

Donc je vais vous en parler en espérant surtout vous distraire.

Aussi simple que cela puisse paraître, des bébés ce n'est pas toujours évident de les fabriquer soi même même entre un papa et une maman. À l'époque il n'y avait pas encore la concurrence des papa et papa ou des maman et maman mais c'était déjà une aventure pour affronter tous les services, les bonnes volontés, comme les empêcheurs. Et puis nous en voulions deux d'un coup, un peu exigeant certes, mais le temps pressait.

Made in Korea. 
Il y a trente cinq ans la Corée n'en était qu'aux balbutiements de son économie et les conditions de vie, les traditions, la misère tout court, étaient autant de facteurs pourvoyants les orphelinats. 
Le deux avril 1981 à Orly un gros Boeing 747 accouchait de deux petits paquets. Depuis j'ai toujours des frissons quand un 747 se pose. 
Quelle émotion, quel souvenir!


Prévenus, 6 mois à l'avance de leur arrivée, nos jumeaux s'appelleraient donc Marie et Pierre.

Depuis c'est la vie normale d'un couple avec deux enfants.

Peu de temps après leur arrivée je me suis mis à fabriquer un golf, j'ai appris à Pierre à faire les boucles de ses chaussures. J'ai comme cela quelques souvenirs ponctuels et heureusement que le petit Paul est là pour me rafraîchir la mémoire.
Bénédicte s'est occupée de tout le reste, leur a fait découvrir le piano, mais au stade d'un petit quatre mains et de la grande école, la musique s'échappa pour de bon des petits doigts. 
Pierre avait une aversion de tout ce qui était motorisé, avions, voitures et autres mécaniques. 
La jolie petite Marie était douée pour golf mais étrangère au sport. 
Pierre plus laborieux, travaille toujours son swing. 
Tous les deux ont eu la chance d'avoir un professeur de math´s exceptionnel. 
Marie volontaire et discrète prend les allures et le comportement de sa mère. 
Pierre, spartiate, analyse depuis toujours les situations et les hommes, sa clairvoyance est réelle, un peu le contraire de son père.
Marie s'expatrie avec un contrat V.I.E et rentre chez Bouygues TP en Hollande comme comptable.
Pierre est amarré à la planète golf. Au sortir de sa fac de Londres à South Bank, stage chez IMG puis emploi à la FFGolf puis débauché par KPMG à Budapest.
Retour en France au golf de Bordeaux-Cameyrac comme assistant, puis repli à la Vaucouleurs pour une éventuelle succession, enfin aujourd'hui directeur pour le groupe repreneur de notre Vaucouleurs.

Marie s'ennuie car les journées sont courtes l'hiver en Hollande. Seule, dès qu'elle ne travaille pas, les soirées lui semblent longues. Elle demande à ce qu'on lui confie plus de travail et s'enracine dans la société. Elle ne s'ennuie plus, d'autant qu'il y a là un beau garçon à l'accent du sud ouest, façonné pour le rugby et par les travaux publics, du sérieux, du solide.  
Benoît est pilote de tunnelier.

Les grands chantiers m'ont toujours fasciné et je crois, toutes proportions gardées, que la construction du golf à été pour moi un grand moment, ce n'était pas comparable au travaux qu'effectue Benoît mais quand même, c'est super de brasser un peu la planète.

Tous deux déménagent au gré des tunnels. Après la Hollande, les Vosges, la A41 entre Annecy et Genève, puis le rêve international en Australie et aujourd'hui Hong Kong. 

Enfin le mariage et puis notre Paul, un beau petit chantier ouvert au public le 13 décembre 2010.

Evidemment ce petit couple nous a donné la chance de voyager dans des pays fabuleux comme l'Australie et l'Asie, Hong Kong mais aussi la Thaïlande et la Malaisie. 
Nous vivons avec nos enfants des moments intenses et je suis certain que ces grandes distances nous rapprochent plus qu'un voisinage de quartier. Il me plait de voir Marie évoluer dans Hong Kong comme un poisson dans l'eau. Il me plaît de partager avec Benoît des sentiments communs, d'apprécier et de veiller à sa solidité.

J'écris tout cela du 58 eme étage, j'ai sous mes yeux la vue d'une partie du monde ou l'on y croit encore. J'entends la rumeur des décollages, le battage des pieux qui s'enfoncent dans la terre rapportée sur la mer. Des petits bonshommes s'agitent derrière les échafaudages en bambous, les grues géantes tournent lentement, elles sont si proches l'une de l'autre quelles peuvent se télescoper, leurs charges balancent mollement avant de plonger dans les abîmes du chantier, les arcs des postes de soudures clignotent, les pelleteuse excavent, les camions reculent, les bennes s'élèvent répandant la grave devant la niveleuse.

Plus loin sur la mer, les barges se vident, les îles se créent. Toujours plus de place, là bientôt un nouveau tunnel, là un nouveau pont, plus loin une nouvelle piste.....

Ce monde où l'homme est fort me fascine. Quoi qu'on en dise c'est le monde de demain.
Ces valeurs il me semble les avoir transmises à mes enfants.
Puisse Pierrot partager avec sa sœur cette vision dès ses prochaines vacances.